Le Parisien 24 décembre 1997

 

VARENNES-JARCY: No Comment Movies a déjà réalisé vingt films

Des artistes vidéo pas si amateurs que cela

 

VARENNES-JARCY, HIER MATIN. En deux ans et demi, Lilian et sa " troupe " ont réalisé une vingtaine de fictions et glané neuf prix, dont un du meilleur acteur, ce mois-ci au Festival vidéo de Paris. (Photo LP)

Ce n'est pas un club video amateur, c'est "une troupe", e t cette nuance, les mordus de No Comment Movies y tiennent beaucoup. Au bout du bout de l'Essonne, derrière les murs d'une des dernières maisons de VarennesJarcy, se cache peut-être un vivier de stars : une petite association de rien du tout, pourtant déjà neuf fois primée par les festivals vidéo de la région parisienne. A sa tête, Lilian porte une quintuple casquette : président, scénariste, réalisateur, compositeur, acteur. C'est à ce dernier habit qu'il doit le prix du meilleur acteur, décerné ce mois-ci par le jury du Festival vidéo-amateur d'île-de-France. Autant de lauriers en moins de trois ans commencent à rendre crédible la petite troupe d'autodidactes qui, loin d'être des professionnels du genre, tournent au caméscope "parce qu'on n'a pas les moyens d'avoir mieux". Mais tous rêvent de "carrière", de format 35mm ou de planches de théâtre.
"On n'est pas des commerciaux"

Pour Lilian, 24 ans, l'histoire commence sur les bancs de la fac de Nanterre, section art et spectacle.
Mais ce n'est pas satisfaisant la fac, "ça ne donne pas de diplôme de future vedette"... En revanche, cela permet de faire des rencontres et c'est dans les amphis que se forme le "noyau dur" de No Comment Movies. Elèves comédiens, plutôt techniciens comme Eric ou... clown comme Lilian, ils se rejoignent et ont tourné, depuis, une bonne vingtaine de courts-métrages. No Comment Movies est né officiellement en mars 1996, après un premier prix glané au Festival de Paris. "Le hasard, se souvient Lilian. On avait dû s'inscrire grâce à un prospectus." Depuis, ils enchaînent les fictions en y allant de leur poche ou au gré des coups de pouce, notamment de la mairie de Varennes-Jarcy qui leur commande un film sur ses sites historiques.Seulement, Varennes-Jarcy, ce n'est pas Hollywood et, pour se faire connaître, il n'y a qu'une solution courir les festivals. "Le problème, sourit Lilian, c'est qu'on est beaucoup de créatifs, mais pas des commerciaux.." Bref, ce qui manque aujourd'hui, c'est le nerf de la guerre... donc les mécènes. "Des projets, on en a, explique Lilian, pour lesquels ce n'est pas tant l'argent mais le matériel qu'il faut!" Pour tourner "Double Jeu" d'abord, une fiction "grave" dont le scénario est prêt et le casting en bonne voie. Une parodie des films d'horreur ensuite, un moyen-métrage dont le scénario est lui aussi là, c'est le décor qui manque : " On a déjà tourné dans les appartements de chacun de nous, il faudrait maintenant trouver un pavillon." Avis aux amateurs: joyeuse troupe de vidéastes de moins en moins amateurs cherche propriétaire hospitalier souhaitant s'offrir un week-end de tournage...

Elodie SOULIE